Après avoir vécu tant d'événements et ressenti une fatigue due à l'endurance de circonstances indésirées, je me suis retrouvé isoler.
Je me demandais quel était l'intérêt de percevoir des choses que les autres ne remarquent pas, si c'est pour finir pointé du doigt comme un animal dans une cage.
Je me sentais de plus en plus moqué, perçu comme quelqu'un à l'imagination débordante.
Fatigué des jugements, j'ai choisi de fermer la porte à ce monde d'une autre époque, d'une autre réalité.
Je fréquentais le collège comme tous les enfants de mon âge, mais j'étais constamment mis à l'écart, car les autres élèves pressentaient peut-être que j'étais différent.
Ma vie scolaire n'était pas éclatante, entre les coups des professeurs et les moqueries des camarades, c'était très difficile de supporter chaque jour la haine, le rejet et la violence.
Cependant, je gardais tout pour moi, n'en parlant même pas à mes parents, de peur qu'ils ne m'écoutent pas.
J'ai choisi de supporter en silence, d'accepter de vivre cela ; même les professeurs disaient lors des conseils que j'étais un paresseux, qui n'apprenait rien, qui ne faisait rien.
Je ne me cherche pas des excuses, mais au plus profond de moi, pendant que le professeur d'histoire donnait son cours, quelque chose en moi disait : ce qu'ils t'enseignent est faux.
Ainsi, pour échapper au stress de la vie quotidienne, chaque mercredi après-midi, je m'évadais vers le jardin Massey de Tarbes, me réfugiant dans le cloître médiéval, mon sanctuaire de tranquillité, l'endroit où je me sentais en sécurité.
Quelques mois après, mes parents, qui étaient logés gratuitement en tant que concierges, ont décidé de faire construire la maison familiale dans un village près de Tarbes. La construction progressait et un jour, lorsqu'une pièce s'est libérée dans la conciergerie, j'ai demandé à mes parents de dormir là plutôt que dans le dernier étage, après tout ce que j'avais vécu auparavant.
Cette chambre de la conciergerie était reliée celle de ma sœur, par une porte.
Le destin a avancé, mes perceptions médiumniques se sont arrêtées, et j'ai pu continuer à vivre et grandir comme les autres.
La maison était construite, et mes parents, ma sœur et moi allions tous les week-ends dans cette nouvelle demeure. Au début, nous dormions tous dans la même pièce située à l'étage.
Un matin, en me levant pour aller déjeuner dans la cuisine, j'ai ressenti une sensation étrange, mes mains ont commencé à trembler, puis j'ai eu un blackout. Je me suis réveillé dans mon lit avec un goût de sang dans la bouche et la sensation d'une langue gonflée. Incapable de parler, de boire ou de manger, j'ai perdu tout souvenir pendant 20 minutes, au point de ne même pas me rappeler de mon identité ou de mon prénom. C'était une amnésie.
Des examens neurologiques ont été réalisés, et ils ont abouti au diagnostic d'une épilepsie de type "grand mal ". Une forme grave de l'épilepsie qui peut conduire à la mort.
Initialement, je faisais un malaise chaque matin et un autre durant la nuit. Cependant, les malaises nocturnes étaient particuliers : je ressentais le besoin d'aller aux toilettes, alors j'y allais, je verrouillais la porte et c'est là que le malaise survenait. Souvent, mon père ou ma mère devait forcer la serrure pour venir à mon aide car ils entendaient le bruit de ma chute.
On m'a prescrit un traitement à base de perturbateur endocrinien : Dépakine Chrono 500 mg, un comprimé le matin et un autre le soir. j'avais 17 ans.
Je tombais fréquemment sur le nez, ce qui incluait des morsures de la langue. C'est pourquoi aujourd'hui, j'éprouve des difficultés à prononcer certains mots à cause des traumatismes subis à ma langue.
À l'époque, beaucoup de personnes percevaient cette maladie comme un trouble psychiatrique, ce qui m'a contraint à affronter la stupidité de ceux qui me considéraient comme fou. Encore une fois, j'ai dû endurer l'intolérance des gens.
Je suis devenu photosensible ; les éclairs des appareils photo, le stress, l'angoisse et certains sons étaient nocifs pour moi.
Mais le traitement a commencé à faire effet et les crises épileptiques ont commencé à s'atténuer progressivement.
Le cloitre médiéval du Jardin Massey à Tarbes
